El Hierro

Pour El Hierro, les mises à jour ne se feront dorénavant (sur la page dédiée), que si une évolution de la situation significative se présente.

lundi 31 décembre 2012

Nouvel essaim sismique sur El Hierro

Un nouvel essaim sismique de faible importance est en cours sur El Hierro depuis environ 10h00 UTC. L'IGN liste actuellement 24 tremblements de terre de magnitude comprise entre 1,5 et 2,5. La profondeur est similaire à l'activité passée (entre 15 et 20 kilomètres). Vu la profondeur et la faible magnitude, il est peu probable que cette activité soit ressentie par la population.
Cette nouvelle activité contraste avec la quiétude des jours passés.
Il est peu probable que cette activité entraîne des conséquences importantes.  

Mise à jour (le 4 janvier à 06H00 UTC)

L'activité est terminée, elle aura duré 3 jours et l'IGN a enregistré environ 130 séismes.
Résumé tel que présent sur le site de l'IGN en ce 4 janvier:

Histogramme des séismes © IGN

mercredi 28 novembre 2012

Eruption du Tolbachik (Kamchatka / Russie)

Selon KVERT, le volcan Plosky Tolbachik est entré en éruption le 27 novembre. L'éruption semble de moyenne importance.
28/11/2012 20:00 UTC

Contexte

On nomme Tolbachik un volcan double qui fait partie du groupe du Kliuchevskaya, composé en fait du couple Plosky ("plat") Tolbachik et Ostry ("pointu") Tolbachik. Le Plosky Tolbachik est un volcan bouclier, basaltique, au sommet plat, couronné d'une caldéra (de 3 kilomètres de diamètres formée il y a 6500 ans suivant le GVP, 1800 mètres suivant KVERT, 450 mètres de profondeur). Il a connu des éruptions durant l'holocène qui ont produit des volumes de lave important (la dernière l'éruption de 1975-1976 est la plus importante basaltique moderne du Kamchtka, avec un indice VEI de 4).

Caractéristiques

Elévation du sommet: 3085 m (le sommet du Ostry Tolbachik atteint 3682 m)
Position: 55°49'48"N, 160°19'48"E

Tolbachik, © Oleg Volynets (Institut de Volcanologie, Petropavlovsk)
Sur cette photo on distingue le Plosky Tolbachik (à gauche) et le Ostry Tolbachik (à droite).

Information sur l'éruption

KVERT indique que l'éruption peut produire une colonne de cendre jusqu'à 10 kilomètres de hauteur, ce qui justifie une alerte pour la circulation aérienne. Il est fait état de retombées de cendres de 4cm d'épaisseur dans un village situé à 35 kilomètres du volcan.

Mise à jour (29/11)


L'éruption est de type fissurale et semble se dérouler en plusieurs points.

© D. Melnikov, IVS FED RAS
  Plus de détails ultérieurement.

lundi 5 novembre 2012

Mise à jour pour El Hierro ce 5 novembre

Très peu d'activité ces derniers jours, avec seulement 6 tremblements de terres enregistrés. Il est possible que le nombre réel soit légèrement plus élevé, la météo ayant été très défavorable (précipitations importantes pouvant masquer certains signaux sismiques).

Activité sismique dans la zone de Tjörnes (Islande)

L'Icelande (littéralement "terre de glace") se caractérise par une activité sismique régulière et par de nombreux volcans. Le pays se situe au milieu de l'Atlantique sur la dorsale médio-océanique entre l'Europe et l'Amérique. Cette dorsale est le lieu de séparation entre la plaque américaine et la plaque eurasiatique. Le pays se coupe donc en deux en permanence le long d'un rift, le nord-ouest s'éloignant du sud-est, à la vitesse d'un centimètre par an. De plus, un point chaud (remontée de magma en provenance des profondeurs) ajoute encore à l'activité, qui se manifeste aussi par de geysers et une activité termale importante.

Les volcans sont nombreux, et les éruptions fréquentes (tous les deux ans en moyenne, en comptant les manifestations sous-marines). Les principaux sont le Askja, le Bárðarbunga, l'Eldfell, l'Eldgjá, l'Eyjafjallajökull, le Hekla, le Hveravellir, le Grimsvötn, Katla, le Laki, le Loki-Fögrufjöll, et Surtsey. Certains sont capables de générer des éruptions d'indice d'explosivité 6 (VEI, Volcanic Explosivity Index), comparables aux éruptions majeures comme celle du Krakatoa en 1883.

Le volcan Eyjafjöll (éruption à partir du 15 avril 2010, VEI 4) a ainsi entraîné de nombreuses perturbations, en particulier sur la circulation aérienne.

Vue le 17 avril 2010 © Henrik Thorburn

Ces derniers temps, une activité soutenue s'est développée au nord de l'île, dans la zone de fracture de Tjörnes. Une éruption sous-marine s'est produite dans cette zone en 1868.Si cette activité se poursuit, il est possible qu'une éruption de type Surtsey se produise à nouveau, mais ceci est peu probable actuellement.

mercredi 31 octobre 2012

Mise à jour pour El Hierro ce 31 octobre

Le nombre de tremblements de terre enregistré est resté très faible mais est un peu plus important ces derniers jours.



Il n'y a pas d'information plus intéressante à communiquer.

lundi 22 octobre 2012

Le procès du séisme de l'Aquila: condamnations !

Le verdict est tombé: 6 ans de prison pour les experts de la Commission italienne "grands risques".

Tout ceci est la suite du tremblement de terre du 6 avril 2009, qui a causé la mort de 309 personnes.

Ce procès est un précédent dangereux: il n'y a aucune procédure scientifique fiable permettant de prédire les séismes, les mécanismes étant encore trop mal connus et les mesures insuffisantes. Investiguer ce qui se passe à plusieurs kilomètres sous terre n'est pas chose facile...

Il est à craindre que les experts italiens ne puissent plus travailler objectivement dans ces conditions, sous la menace permanente de telles procédures. Cela peut s'étendre à d'autres évènements: météo, volcanisme, et pourquoi pas... météorites?

Le juge n'a pas fait preuve de clairvoyance et manque singulièrement de vision... (un comble, l'aquila signifie l'aigle en italien).

Plus d'informations ultérieurement sur les motivations du jugement.

vendredi 19 octobre 2012

Mise à jour pour El Hierro, activité plus faible

Depuis quelques jours, le nombre de tremblements de terre enregistré reste très faible et me dépasse plus 10 en moyenne journalière.
Il est néanmoins possible que l'activité reprenne ultérieurement: si du magma a été injecté en profondeur, un processus de différentiation est en cours, qui peut potentiellement donner lieu à une reprise de l'activité lorsque si magma continue son ascension.

mercredi 10 octobre 2012

Mise à jour pour El Hierro, activité modérée mais continue

L'activité est toujours présente et de même nature que les jours précédents.

Nombre de tremblements de terre de ces derniers jours:

Nombre d'événementsDate
609/10/2012
408/10/2012
1507/10/2012
2306/10/2012
505/10/2012
604/10/2012
1403/10/2012
502/10/2012
1701/10/2012
Il n'y a pas d'évolution claire.

mardi 9 octobre 2012

Mise à jour pour El Hierro, la situation reste identique

Activité récente


Le nombre de tremblements de terre enregistrés par IGN reste faible ces derniers jours, mais largement au-dessous du nombre moyen sur le long terme.

Les déformations mesurées par GPS sont stables, avec semble-t-il toutefois une tendance faible à la hausse.
Les autres paramètres (gaz...) semblent normaux.

Analyse


Il est possible que l'on observe la mise en place de deux systèmes de sills superposés (l'un vers 10 kilomètres de profondeur, l'autre vers 20 kilomètres de profondeur). Ils peuvent êtres reliés par un réseau de dikes.

Le risque pour la population semble actuellement faible.

mardi 25 septembre 2012

Mise à jour pour El Hierro, la situation est stable

Activité récente

Le nombre de tremblements de terre enregistrés par IGN montre une relative stabilisation, comme indiqué dans le figure ci-dessous:


Fig 1. Evolution du nombre d'évènements sur les 10 derniers jours. © IGN
Depuis la fin de l'essaim sismique le 18, le nombre moyen est d'environ 13 par jour.
Lorsque l'on examine la position des hypocentres des derniers jours, plusieurs constations peuvent être faites:
  • la magnitude reste basse (inférieure à 2,5 dans la plupart des cas).
  • deux zones sont actives, la première est localisée dans El Golfo, la seconde au centre de l'île.
  • la profondeur moyenne est différente (7 à 9 kilomètres dans El Golfo, 20 kilomètres pour la zone centrale).
Fig 2. Localisation des hypocentres entre le 18 et le 25. © IGN
En ce qui concerne les déformations, la situation semble également plus stable, et l'amplitude des déformations semble nettement moindre qu'à la suite du précédent essaim sismique.

Fig 3a. Evolution des déformations. Premier groupe. Sur base d'informations IGN
Fig 3b. Evolution des déformations. Deuxième groupe. Sur base d'informations IGN


Les lignes verticales rouges donnent approximativement une réference pour l'essaim sismique de juin et les lignes verticales jaunes pour l'essaim sismique de septembre (les graphes donnent respectivement l'évolution nord/sud, est/ouest et verticale, de gauche à droite).

Les stations LPAL et IZAN ne sont pas sur El Hierro et sont reprises par comparaison.

Notons l'évolution contrastée de certaines stations de mesure: les stations HI02 et HI03 semblent avoir une tendance inverse (en juin, évolution vers l'est, en septembre, vers l'ouest). Ceci pourrait signifier une différence fondamentale entre les deux essaims.
   

Des rumeurs


Certaines rumeurs font état d'autres phénomènes comme un "burbuja" (remous à la surface de l'eau causés par l'activité volcanique) mais ces informations se sont révélée jusqu`a présent sans fondements réels (tout au moins je n'ai pas connaissance de preuves convaincantes).

Le manque d'informations

Pour analyser l'évolution, il faudrait connaître les paramètres suivants:
  • Existe-t-il une ou plusieurs chambres magmatiques?
  • Quelle est leur volume et la proportion de magma "éruptif", c'est-à-dire suffisamment fondu pour pouvoir conduire à une éruption?

Conclusions


L'activité reste sensiblement supérieure à la moyenne à long terme et est donc à suivre avec attention, mais ne faut probablement pas craindre un risque majeur à court terme. 

mercredi 19 septembre 2012

Mise à jour pour El Hierro, émission de dioxyde de souffre?

Mise à jour (18H00 UTC)


Cette valeur est à nouveau normale. A suivre.

Mise à jour potentiellement importante (17H20 UTC)


La concentration de dioxyde de souffre (SO2), telle que mesurée par la station mobile située à La Restinga, a fortement augmenté à près de 900 microgrammes par mètres cubes (µg/m3). Cette valeur est plus de 100 fois la valeur habituelle.

Il peut s'agir d'une problème technique. Si ce n'est pas le cas, la source de cette augmentation doit être déterminée et analysée, car s'il s'agit d'une origine volcanique, le risque d'éruption augmente fortement (c'est un précurseur connu).

mardi 18 septembre 2012

Nouvelles volcaniques (18/09/2012)

Les nouvelles du jour:
  • Une nouvelle éruption du Soputan (Sulawesi, Indonésie) s'est produite à 15H00 UTC, la colonne de cendre atteint 10 kilomètres d'altitude (source: VAAC Darwin).
  • L'éruption en cours du Lokon (Sulawesi, Indonésie) se poursuit, l'activité est de type phréatique (source: PVMBG).
  • Le Sheveluch (Kamchatka) a connu une explosion à 23H20 UTC le 17, la colonne de cendre atteint environ 8 kilomètres d'altitude (source: VAAC Anchorage).
Pour le suivi sur El Hierro, voir la page dédiée.

Evolution du processus volcanique sur El Hierro, 18 septembre

De manière prévisible, le niveau d'alerte reste inchangé car l'activité décroît depuis hier.

Pour plus d'informations, voir dans la page dédiée.

lundi 17 septembre 2012

Recrudescence de l'activité sur El Hierro, 17 septembre

Mise à jour à 21H00 UTC

L'activité se poursuit toujours de la même manière.

Les déclarations de María José Blanco (IGN) ont été rapportées dans les médias, mais d'une manière qui peut prêter à confusion. Certains journalistes ont ainsi écrit que l'IGN espérait que les tremblements de terre ne dépassent pas une magnitude de 3,2, mais il faut comprendre que cette magnitude est simplement le maximum de celles qui ont été enregistrées récemment, cela donne un ordre de grandeur.

Certains traducteurs écrivent que l'IGN "ne s'attend pas" à une magnitude supérieure à 3,2 ou même qu'il n'y aura pas de tremblements de terre d'une magnitude supérieure à 3,2; ce qui est fort différent.

L'IGN ne publie pas de communiqués de presse (à ma connaissance) ce qui rend possible plusieurs interprétations contradictoires.

Les autres points à considérer sont:
  • Les mesures des émissions de gaz ne semblent pas montrer d'évolutions significatives.
  • Les déformations sont, elles, significativement différentes.
Dans l'état actuel des choses, il est probable que le niveau d'alerte soit maintenu à son niveau actuel ou légèrement accru. 

Mise à jour à 18H00 UTC


L'activité semble de même nature que celle de juillet 2012, et il est probable que les déformations dans les prochains jours suivent un modèle similaire. Nous pouvons nous attendre à une augmentation des valeurs enregistrées par le GPS et ceci est déjà apparent.

Nombre de séismes enregistré par l'IGN (données provisoires):

Nombre d'événementsDate
7114/09/2012
16815/09/2012
19716/09/2012


Tout ceci semble correspondre à une intrusion de magma en profondeur sans risques immédiats pour la population.

Note: suite à un problème technique les mises à jour n'ont pas pu être effectuées durant le week-end.

vendredi 14 septembre 2012

Recrudescence de l'activité sur El Hierro, suite

Mise à jour (23H45 UTC)

La distribution des séismes évolue:
  • la dispersion augmente, 
  • les épicentres migrent vers le sud/sud-est,
  • la profondeur augmente
  • il y a a moins dans El Golfo 
Image IGN commentée:
Image IGN commentée

Mise à jour (20H00 UTC)

Deux chiffres rapidement:

Nombre de séismes de magnitude supérieure à 2 entre le 1er et le 13 septembre:       7
Nombre de séismes de magnitude supérieure à 2 le 14 entre 00H et 20H:      15

Soit, le double des 13 derniers jours en une journée (et ce n'est pas encore fini!).

Mise à jour importante pour El Hierro

L'activité semble devenir plus importante, un "bruit de fond" nettement plus élevé est présent sur plusieurs stations. La sismicité et la micro-sismicité est plus importante.

Ceci est à suivre attentivement.

Mise à jour (17H00 UTC)

Les graphes sont parlants. Comparaisons entre hier et aujourd'hui (même heure et même station).

Fig 1. CJUL le 13 entre 15 et 16 heures

Fig 2. CJUL le 14 entre 15 et 16 heures
Le nombre de tremblements de terre est bien plus important (probablement plus de 40) et la magnitude est plus haute.

Mise à jour (19H00 UTC)

Il semble qu'un trémor soit visible sur plusieurs stations (par exemple CJUL):
Fig. 3 CJUL Trémor?
Si le graphe montre effectivement un trémor, le magma est en marche, et il reste à savoir où il va. Trois hypothèses:
  • soit il migre depuis Frontera (à 20 km de profondeur) vers El Golfo (à 10 km de profondeur)
  • soit il migre depuis El Golgo (à 10 km de profondeur) vers la surface
  • soit il migre... ailleurs.  
 Les heures suivantes devraient permettre d'y voir plus clair.

Recrudescence de l'activité sur El Hierro

Depuis ce matin l'activité est plus importante, avec un notamment un séisme d'une magnitude 2,6 selon l'IGN.

En utilisant les informations disponibles pour l'évènement 1165344, on obtient le tableau suivant:

StationDistance (degré)Amplitude (nm)Période (s)MbLg(IGN)MbLg Calc.Delta (IGN-Calc.)
CTAB0.024693.30.083.63.60.0
CTAN0.031263.30.10-3.0-
CJUL0.043235.50.12-3.3-
CCUM0.051482.90.16-2.9-
CMCL0.08859.40.12-2.9-
CORC0.083815.40.16-3.4-
CHIE0.11165.90.202.02.00.0
CTIG0.1469.30.082.12.10.0
CRST0.151010.40.14-3.1-
Table 1: Paramètres et calculs pour 1165344

Pour les stations CHIE et CTIG, la magnitude est nettement plus basse que pour les autres (presque un point).

Un graphe permet de visualiser la chose:

Fig 1. Distribution des magnitudes

Notons que la droite de régression linéaire coupe l'axe vertical à 3,5 (en arrondissant).
Si l'on retire les deux stations CHIE et CTIG, on obtient:

Fig 2. Distribution des magnitudes sans CHIE et CTIG
Notons que la droite de régression linéaire coupe l'axe vertical à 3.3 (en arrondissant). Ce qui est normal, la pente est plus faible. La différence (de 3,5 à 3,3) n'est pas très importante.

La différence de magnitude pour CHIE et CTIG n'est pas claire pour le moment. On peut émettre les hypothèses suivantes:
  • atténuation plus importante pour les ondes qui parviennent à ces stations,
  • effet local,
  • problème(s) de calibration des stations,
  • problème(s) de traitement des données de ces stations.
Il n'est pas possible de trancher avec le peu d'informations disponibles.

Il semble donc que la magnitude est plus proche de 3,3 que de 2,6 comme indiqué par IGN.

D'autre part, une série de tremblements de terre à plus grande profondeur (environ 20 km) a été détectée plus au sud-est (sous Frontera).

Plus d'informations ultérieurement.

Eruption majeure du Fuego

Le Volcán de Fuego (Guatemala) est entré dans un phase très active d'éruption depuis ces dernières heures. Les émissions de cendre sont importantes, des coulées de lave sont présentes, et au moins 30.000 personnes sont évacuées. Fuego signifie feu en espagnol.

Fig. 1 Eruption du Fuego (©) INSIVUMEH

Plus d'information ultérieurement.

jeudi 13 septembre 2012

Recalcul de la magnitude communiquée par IGN

Introduction

Depuis l'apparition de nombreux séismes sur El Hierro, des questions sont posées dans certains médias (et par certains auteurs de blog) sur la qualité des informations communiquées par les différentes instances officielles. Il est compréhensible que les autorités cherchent à éviter des mouvements de panique ou des rumeurs, mais ceci implique une politique de communication bien construite et ne laissant pas la place à l'improvisation.

Etant donnée la diversité des connaissances du public en général, la pertinence de divulguer des données brutes n'est pas évidente. Néanmoins, pour les chercheurs indépendants ou même les simples amateurs curieux, l'accès à ces données est fondamental. La méthode scientifique repose sur la divulgation des travaux réalisés et des données utilisées (en vue de communiquer les nouvelles théories et les résultats mais aussi de permettre des vérifications indépendantes).

Cas d'El Hierro

Les sismogrammes et spectrogrammes disponibles sur le site de l'IGN ne sont utilisables que qualitativement. En effet,
  • Il n'y a aucune mention de la procédure utilisée pour les obtenir et, en particulier, les filtres (en fréquence) appliqués;
  • Pour les sismogrammes, il n'est pas fait mention de l'unité de mesure, il n'est donc pas possible de savoir si le graphe correspond à l'affichage d'un enregistrement brut (en général, la vitesse de déplacement du sol) ou bien le déplacement réel (calculé par intégration de la vitesse de déplacement).
  • En ce qui concerne les spectrogrammes, le même problème se pose (moins cependant).
Par comparaison, l'USGS indique cette information. Si l'on consulte par exemple http://earthquake.usgs.gov/monitoring/helicorders/nca/51/latest/, on voit sous le titre une indication pour l'unité:



On a bien la mesure d'une vitesse (en centimètre par seconde).

Heureusement, l'IGN met à disposition les bulletins d'information au format IMS. Ces bulletins ont pour origine la nécessité de la surveillance des ondes sismiques liées à la détection des tests nucléaires, dans le cadre du "Traité d'interdiction complète des essais nucléaires" et leur utilisation dans le cadre scientifique en est une conséquence indirecte, mais fort importante.

Une des entités qui font partie des entités mises en place par ce système est l'International Monitoring System (IMS), et cet organisme a défini le contenu des bulletins qui sont communiqués lors de la détection des ondes sismiques.

Dans le cas des séismes sur El Hierro, la seule source d'information pour une analyse sérieuse dans ce cadre est donc la mise à disposition par l'IGN des bulletins au format IMS.

Utilisation des bulletins IMS

Il sort du cadre de cet article de décrire le format complet d'un bulletin IMS, et il suffit de noter que les informations suivantes sont disponibles:
  • La profondeur de l'épicentre (en kilomètres);
  • La distance entre une station et l'épicentre (en degrés)
  • L'amplitude de l'onde envisagée (en nanomètres)
  • La période de l'onde envisagée (en secondes),
  • La magnitude locale calculée par l'IGN
L'IGN calcule la magnitude locale sur base d'une formule qui lui est propre:

mbLg(L) = log (A/T) + 1.17 log R + 0.0012R + 0.67
Avec:
  • A: amplitude (en microns)
  • T: période (en seconde)
  • R: distance à l'hypocentre (en kilomètres)
Point important: tout ce qui va suivre part évidemment de l'hypothèse que les informations qui se trouvent dans ces bulletins sont correctes. Pouvons-nous recalculer ces magnitudes? La réponse est oui. Prenons par exemple l'évènement 1165013:

StationDistance (degré)Amplitude (nm)Période (s)MbLg(IGN)MbLg Calc.Delta (IGN-Calc.)
CTAN0.0615.40.06-1.3
CTAB0.0785.80.082.02.00.0
CCUM0.0814.00.22-0.8
CJUL0.09132.60.18-1.9
CMCL0.1121.90.16-1.2
CHIE0.143.10.160.40.40.0
CTIG0.143.20.280.20.20.0
Table 1: Paramètres et calcul pour 1165013

De manière surprenante, l'IGN ne calcule pas la magnitude pour toutes les stations, même si les données sont disponibles. Dans le tableau ci-dessus, seulement 3 valeurs sont calculées (pour les stations CTAB, CHIE et CTIG). On peut faire immédiatement d'autres observations:
  • Nous pouvons voir que les magnitudes recalculées correspondent à celles calculées par l'IGN. La procédure utilisée semble donc en bon accord avec celle de l'IGN.
  • La période est toujours un multiple de deux. Il est donc probable que la période soit le résultat d'un calcul.
  • La dispersion des valeurs calculées pour la magnitude est importante (de 0,2 à 2).
Visualisons la magnitude en fonction de la distance à l'hypocentre.

Fig 1. Variation de la magnitude en fonction de la distance.
Nous constatons que:
  • Plus la distance est grande, moins la magnitude calculée est importante
  • Le coefficient de corrélation R2 est intermédiaire (il peut varier entre 0 et 1 et ici il vaut environ 0.5), ce qui indique un mauvais alignement avec une droite (si les points sont parfaitement alignés, il vaut 1). Attention: ce coefficient n'est pas lié à la valeur R utilisée dans le calcul de la magnitude, c'est juste le même symbole.
Le premier point est surprenant: bien qu'il soit connu que l'effet des séismes s'estompe avec la distance (atténuation), la formule utilisée par l'IGN comporte deux termes (1.17 log R + 0.0012 R) dépendants de la distance et ou pourrait donc s'attendre à ce que l'effet d'atténuation soit pris en compte. Ce point sera analysé plus avant dans un prochain article.

On peut encore faire d'autres analyses. Donc...

A suivre...

mercredi 12 septembre 2012

Mise à jour ce 12 septembre (20H00 UTC)

L'activité de l'Anak Krakatau (Indonésie) se poursuit, avec des éruptions régulières Stromboliennes, et sismicité constante (trémor).
Le Popocatépetl (Mexique) continue à dégager d'importantes quantités de SO2, avec environ 10 petites éruptions par jour.
Le Nevado del Ruiz est plus calme, avec occasionnellement de faibles explosions. Ce volcan est surtout connu pour l'éruption de 1985, le lahar du 13 novembre causa 25000 morts.
Le Sakurajima (Japon) reste en activité. Une vidéo ci-dessous (pas de son, il faut patienter une minute avant le début de l'activité, et les caméras ne sont pas synchronisées):



D'autres sont également en activité, mais ne présentent pas d'intérêt particulier.

mardi 11 septembre 2012

Probabilité de localisation d'une éruption future sur El Hierro

L'image qui suit est une tentative d'estimer la localisation potentielle d'une nouvelle éruption sur El Hierro.

Fig 1. Probabilité de localisation

Cette image a été construite sur base de nombreux paramètres (comme l'épaisseur de la couche de matériaux, la localisation des séismes et leur amplitude, la distance à ces séismes, en plus des informations historiques). Plus la couleur est claire, plus la probabilité est élevée.

La probabilité est relative et non absolue (on peut comparer deux points A et B et conclure qu'il est plus probable qu'une éruption survienne en A plutôt qu'en B, mais cela ne donne aucune indication sur le fait qu'une éruption survienne finalement ou non en A). 

Note importante: ceci n'est pas une prévision, c'est simplement le résultat de calculs et la marge d'erreur est importante.

Rien n'indique qu'une éruption soit en préparation à très court terme. La seule manière de vérifier est d'attendre que quelque chose se passe... si tant est qu'il se passe quelque chose!

lundi 10 septembre 2012

Pressurisation du mont Fuji ?

Il y une nouvelle qui parcours l'Internet à propos d'une augmentation de la pression dans la chambre magmatique du mont Fuji. Tout ceci semble partir d'une unique note de presse de l'agence Kyodo News, mais les informations sont fragmentaires et peu précises. Je n'ai pas connaissance du rapport scientifique (et ce n'est pas faute d'avoir cherché). Je m'abstiens de tout autre commentaire faute d'y voir suffisamment clair (pour le moment). 

Mise à jour pour El Hierro

Le nombre de séismes enregistré reste faible, la magnitude maximale ne dépasse pas 2 (Mblg) et ils sont localisés dans la même zone (El Golfo). Pour plus de détails, voir la page dédiée.

mercredi 5 septembre 2012

Puissant séisme au Costa Rica

Ceci n'est pas directement lié aux volcans, mais mérite une certaine attention.

Un séisme de magnitude 7,6 a eu lieu aujourd'hui au Costa Rica (14:42:10 UTC), selon USGS. La magnitude est importante, mais heureusement la profondeur de l'épicentre l'est aussi (40km), ce qui explique le nombre réduit de victimes et l'étendue faible des dégâts.

Cette zone est classée à haut risque sismique car elle se trouve à proximité de la subduction entre la plaque des Cocos et celle des Caraïbes. Il y a des exemples historiques de séismes de magnitude supérieure à 7, comme par exemple, 7,2 en août 1978 et 7,8 le 5 octobre 1950.

De la précision en général et du GPS en particulier

Il est de plus en plus courant d'avoir accès à des mesures GPS (Global Positioning System). Au départ, le but premier est de pouvoir se localiser quel que soit l'endroit sur la planète. Les moyens pratiques pour obtenir la position sont les stations automatiques et les instruments portables. Le grand public est devenu familier de cette technologie avec, par exemple, le guidage routier.

Techniquement, la localisation GPS consiste à recevoir des signaux diffusés par des satellites en orbite basse. Les satellites transmettent leur position et un signal d'horloge (informations temporelles). Pour assurer une bonne localisation, la réception simultanée des informations de plusieurs satellites est nécessaire, et il faut une ligne de visée directe vers les satellites (ce qui explique pourquoi le GPS n'est pas directement utilisable dans les tunnels ou les parkings sous-terrain).

La localisation, habituellement, ne nécessite qu'une précision grossière, le décimètre est suffisant dans la plupart des cas (par exemple, pour un véhicule ou un avion). Cela signifie que la valeur exacte n'est pas connue, la valeur calculée et affichée est une approximation.

Avec un précision d'un décimètre, par exemple, si la hauteur affichée est de 203,12 mètres, cela signifie qu'en réalité la valeur exacte se situe entre 203,02 et 203,22 mètres. 

Pour le suivi de l'évolution d'un phénomène tectonique ou volcano-tectonique, le GPS est un outil intéressant. Mais une précision accrue est nécessaire. Les méthodes précises pour obtenir cette précision accrue sortent du cadre de cet article, mais on peut citer rapidement plusieurs voies:
  • comparaison des informations reçues de stations proches (l'hypothèse étant qu'une partie des erreurs est due au trajet des ondes et donc différente de stations à stations)
  • comparaison de la localisation pour la même station en fonction du temps (l'hypothèse étant qu'une station se déplace de manière linéaire ou est "fixe": la vitesse de déplacement est faible par rapport à l'erreur de positionnement)
  • les corrections (souvent à posteriori) en tenant compte de plusieurs paramètres
Certains logiciels avancés, BERNESE (Université de Bern), GIPSY-OASIS (JPL Nasa)... utilisent ces méthodes pour obtenir des valeurs plus précises, et on peut couramment obtenir les marges d'erreur suivantes:
  • horizontalement (latitude et longitude): quelques millimètres
  • verticalement (hauteur): environ 2 centimètres
Examinons maintenant quelques exemples concrets basés sur les informations disponibles pour El Hierro.
Les deux graphes suivants sont tirés des analyses du prof. Sagiya (Université de Nagoya). Nous savons que BERNESE est utilisé dans ce cas, donc la précision indiquée ci-avant s'applique.

Voyons tout d'abord l'évolution sur le plan horizontal d'une station de Ténérife:

Fig 1. Evolution horizontale de la station TEIT (Ténérife)
Le premier graphe correspond à l'évolution est-ouest (est en positif) et le second nord-sud (nord en positif). Et comparons avec le plan vertical:
Fig 2. Evolution verticale de la station TEIT (Ténérife)
Il apparaît clairement que la dispersion des points de mesure est plus importante dans le plan vertical, mais globalement il n'y a pas d'évolution claire.

En ajoutant la marge d'erreur, on obtient:
Fig 3. Evolution verticale de la station TEIT (Tenerife)


Voyons maintenant la station de Frontera:

Fig 4. Evolution horizontale de la location de la station de Fontera
 Comparons avec l'évolution verticale:
Fig 5. Evolution verticale de la location de la station de Fontera
On peut constater que l'évolution est similaire (plusieurs mouvements). En ajoutant une visualisation de la marge d'erreur, on obtient:

Fig 6. Evolution verticale de la location de la station de Fontera
Il semble que la marge d'erreur soit plus importante pour Frontera que pour Ténérife.

Comparons avec la station CVCB (La Palma):
Fig 7. Evolution verticale de la location de la station CVCB
La dispersion des points de mesure est encore plus importante ici. Il peut s'agir d'un effet local.

Trop souvent, les personnes non - informées ne tiennent pas compte de cette marge d'erreur et regardant l'évolution au jour le jour en "zoomant" sur les derniers jours, en concluent qu'une station "saute" de deux centimètres par jour (tantôt dans un sens et tantôt dans l'autre). En réalité, la vitesse de variation est généralement bien plus faible, sauf en cas de mouvement brutal d'une faille tectonique.

Il est possible d'obtenir une précision millimétrique dans le sens vertical, mais c'est extrêmement complexe (par exemple, il faut tenir compte de l'effet de marée, la variation de hauteur due à l'attraction de la lune et du soleil sur le sol. Hé oui, il n'y a pas que la mer qui subit cet effet!)


mardi 4 septembre 2012

Les tremblements de terre depuis 1898

Cette carte impressionnante créée par IDVSolutions indique les tremblements de terre depuis 1898.

© IDVSolutions

Les plaques tectoniques sont bien visibles (la majorité des tremblements de terre se produisent au contact des plaques). Certains points chauds (comme Hawaii, au centre) aussi.

Plus d'information (en anglais) et d'autres formats pour cette image à cette adresse.

Art volcanico-scientifique

Les données des sismomètres sur El Hierro sont à nouveau disponibles.

Quand les données sont partielles, les résultats de l'analyse automatique peuvent être surprenants...


Ici, c'est presque un cas d'école... d'art. Le graphe coloré est sensé indiquer le contenu en fréquence (spectrogramme) des enregistrements. Il va sans dire qu'une telle régularité n'est pas naturelle.

Des nouvelles mitigées de Yellowstone


La caldera de Yellowstone, aux Etats-Unis, est un ensemble volcanique connu dans les média car associé au superlatif "supervolcan". Le premier en superficie, le site est très actif et comporte de nombreux phénomènes intéressants, tant du point de vue scientifique, que touristique d'ailleurs. Les geysers sont les plus connus, mais il y aussi les sources chaudes, les émissions de gaz, et il abrite aussi une faune et une flore diversifiée. Le site est protégé, sous la forme d'un Parc Naturel.

La caldera a été le théâtre d'éruptions colossales, la dernière datant de 640.000 ans. Les séismes sont fréquents. Leur analyse a mis en évidence des variations de densité des roches sous le Parc, et celles-ci sont interprétées comme un zone partiellement fondue, donc une chambre magmatique. La chaleur emmagasinée est aussi à l'origine de l'activité géothermique.

Ce n'est pas l'objet de ce post de présenter cet ensemble, et cela fera l'objet d'un article complet ultérieurement, mais une information intéressante sur le comportement du géant a été publiée récemment, en particulier sur la dynamique d'éruption.

En effet, des éruptions plus petites ont eu lieu plus récemment, mais elles sont de plus faible intensité. La détermination de leur localisation probable est complexe. La présence de fractures pourrait ainsi influencer l'emplacement de futures éruptions. Celles - ci semblent au demeurant peu probables à court terme, la part de magma fondu semblant faible (moins de 30%). Notons aussi que les laves sont des rhyolites, avec un potentiel explosif élevé car généralement visqueuses.

La présence d'éruption de plus faible ampleur montre que le qualificatif de "supervolcan" devrait être remplacé par "super-éruption" limité à certaines d'entre-elles.

Néanmoins, l'examen de la composition des laves rejetées indiquent une montée rapide du magma, depuis la chambre principale à une profondeur de 10 kilomètres environ, sans stockage intermédiaire à plus faible profondeur. Ceci indique que, à partir du moment où le processus d'éruption se déclenche, le délai avant l'apparition de la lave en surface pourrait être peu important et qu'il serait plus difficile de détecter ce processus.

Ce qui rend plus important encore la surveillance du lieu.


Sources:


http://www.geosociety.org/gsatoday/archive/22/9/article/i1052-5173-22-9-4.htm
USGS (divers liens)

Mise à jour pour El Hierro.

Pas d'évolution significative. Pour plus de détails, voir la page dédiée.

Accroissement de l'activité de l'Anak Krakatau

Introduction

L'Anak Krakatau (littéralement "fils du Krakatoa") est un volcan du détroit de la Sonde, en Indonésie. Il est apparu en 1927 à l'emplacement du Krakatoa, détruit par une formidable éruption en 1883. Depuis son apparition, il a connu au moins 100 éruptions, tant de nature effusive qu'explosive, entrecoupées de périodes plus calme durent entre 1 et 6 ans.
Le sommet culmine actuellement à environ 820 m, mais le volcan est en croissance constante, à la vitesse de 6,5 mètres par an (en moyenne).

On peut avoir une estimation de l'évolution en comparant les photos suivantes:

Fig 1. Anak Krakatoa en 1979 (au premier plan) © USGS
Fig 2. Anak Krakatoa en 2006 (C) Nasa

Fig 3. Anak Krakatoa en 2007 © Raul Heinrich

L'ancienne caldera visible dans la première photo est entièrement comblée et le dôme est bien plus volumineux.

Activité actuelle

(mise à jour le 5 septembre avec de nouvelles photos)

La sismicité a diminué entre les mois de juin et juillet, passant de 30 évènements par jour à 25 évènements par jour, avant d'augmenter fortement en août à 52 évènements par jour. Suite à un séisme tectonique le 14 août, les séismes volcaniques ont augmentés et sont devenus moins profonds. Ce phénomène s'est reproduit le 19. A partir du 2 septembre, un trémor volcanique s'est établit, qui culmine avec un éruption de type strombolienne, la lave est éjectée à une hauteur de 200 à 300 mètres. 

Fig 3. Photo le 3 septembre © Øystein Lund Andersen.


  
Fig 4. Photo le 3 septembre © Øystein Lund Andersen.
D'autres photo sur le site de Øystein Lund Andersen

Vidéo RCTI (en indonésien) :



Le niveau d'alerte reste au du niveau II. La recommandation principale est de ne pas s'approcher (à moins d'un kilomètre ou deux suivant les sources). Les populations avoisinantes ont pu constater la présence de cendres volcaniques. Portées par un vent de sud, elles ont atteint Bandar Lampung (à 75 kilomètres du volcan). Dans les régions concernées, Il est recommandé de porter des masques.

Mise à jour le 5 septembre: l'activité semble décroître.

Sources

http://www.sott.net/articles/show/250686-Indonesia-s-Anak-Krakatau-Volcanic-Activity-Increases-to-Almost-90-Eruptions-Daily http://www.thejakartapost.com/news/2012/09/04/mt-anak-krakatau-spews-volcanic-ash-tangkuban-perahu-closed.html http://proxy.vsi.esdm.go.id/index.php http://www.volcano.si.edu

vendredi 31 août 2012

Les gaz volcaniques


Les "gaz volcaniques" les composés volatils rejetés par les processus volcaniques. On appelle improprement ainsi car il s'agit en général d'un mélange de différents gaz qui ne sont pas spécifiques aux volcans (ils se rencontrent dans la nature suite à d'autres processus).

Les principaux constituants sont les suivants (en ordre décroissant de concentration moyenne):
  • La vapeur d'eau (H2O) est le composant le plus abondant.
  • Le dioxyde de carbone (CO2), anciennement appelé "gaz carbonique" ou "anhydride carbonique", est un gaz incolore, inodore (pression et température courante). C'est l'un des gaz responsable de "l'effet de serre" qui maintient la température de la planète à un niveau acceptable pour les organismes vivants. Le CO2 si dissout dans l'eau et, en formant de l'acide carbonique (H2CO3), la rend plus acide. C'est le composant utilisé pour rendre les boissons pétillantes. Il est utilisé par les plantes pour leur croissance (photosynthèse). Le CO2 est dangereux lorsque la concentration est trop importante (plus de 5%). Plus dense que l'air, il peut se créer des poches de ce gaz qui sont des pièges mortels (voir par exemple de cas du lac Lwi, connu sous le nom de "Nyos", Cameroun).
  • Le dioxyde de soufre (SO2), est un gaz incolore, dense et très toxique. A faible concentration, il est utilisé comme désinfectant et conservateur en agro-alimentaire sous l'appellation E220 (vin, fruits secs, viande… ). L'oxydation donne les acide sulfuriques (H2SO4) et sulfureux (H2SO3). Avant les réglementations visant à réduire sa concentration dans l'air, il était le principal responsable des "pluies acides". Dans l'air, il est irritant. Le seuil d'alerte est fixé à 300 µg/m3 (300 microgrammes par mètre cubes). ). L'OMS recommande une concentration moyenne sur 24 heures inférieure à 0,5ppm (partie par million). Si le gaz est injecté dans la stratosphère, il peut entrainer une diminution (réversible) de la température de la terre.
  •  Le monoxyde de carbone (CO), est un gaz incolore, inodore (pression et température courante) et très toxique. Il est connu comme responsable d'accidents domestiques (suite à une mauvaise combustion).
  • Le sulfure d'hydrogène (H2S), est un gaz très toxique, inflammable, à odeur forte d'œuf pourri. A faible concentration, il irrite les yeux et à plus forte concentration les voies aériennes supérieures. L'attaque du nerf olfactif est insidieuse, car elle rend la détection du gaz impossible. Les autres effets sont les maux de têtes jusqu'à la perte de connaissance. Il peut causer en œdème pulmonaire suite à une exposition prolongée.
  • Le chlorure d'hydrogène (HCl) est un gaz irritant. Il peut causer des pluies acides en se mélangeant à l'eau (HCl est un acide fort).
  • Le fluorure d'hydrogène (HF) est un gaz incolore toxique. En présence d'eau, il forme de l'acide hydrofluorique, très corrosif. L'exposition peut entraîner une conjonctivite avec destruction de la cornée. Il cause aussi une irritation de la peau. Bien qu'une quantité faible soit bénéfique, une forte concentration en fluor cause une dégénérescence osseuse. Le fluor (F2) est lui un gaz jaune pale.
Les autres gaz présents sont l'hydrogène (H2) et l'hélium (He).

Les gaz sont l'un des moteurs principaux des éruptions. L'exemple qui va suivre est adapté du site de l'USGS (et basé sur Sparks et al[1]).

Supposons que nous suivions un bloc d'un mètre cube de rhyolite à la température de 900ºC, sous forte pression (due à la profondeur) et contenant seulement 5% d'eau dissoute (en poids). Ramenons – le brusquement à la surface, donc à la pression atmosphérique. Le magma ne peut plus contenir l'eau, qui forme des bulles, et ceci entraîne une forte augmentation de taille du bloc. Celui-ci occupe alors un volume de 670 m3. Le cube voit sont arrête multipliée par 8,75.

Dans ces cas extrêmes, il se forme une "mousse", qui, même une fois refroidie, a une densité moindre que celle de l'eau, et qui donc flotte. Un exemple type est la pierre ponce.

Ce mécanisme est – toutes proportions gardées – semblable à ce qui se produit lors de l'ouverture des bouteilles de certaines boissons gazeuses ou des Champagnes. La baisse de pression entraîne aussi l'apparition de bulles qui s'échappent violemment.



[1] Sparks, R.S.J., Bursik, M.I., Carey, S.N., Gilbert, J.S., Glaze, L.S., Sigurdsson, H., and Woods, A.W., 1997, Volcanic Plumes: John Wiley & Sons, Inc., England, 574 p.

mercredi 29 août 2012

L'Etna gonfle...

L'Etna, un des plus actifs volcan d'Europe, serait en train de gonfler, ce qui présage d'une éruption a court terme. Selon l'INGV, « un nouveau gonflement de la partie sommitale du volcan qui indique actuellement que quelque chose pourrait changer à brève échéance. Le nouveau cratère [sud-est] pourrait bien se réactiver et donner naissance à une nouvelle activité de fontaines de lave ».

Etna (C)Pequod76, image Wikipedia

Cette information a été obtenue en consultant le très bon site de Claude Grandpey, la passion des volcans.

Volcans du Kamchatka


La péninsule du Kamchatka (Russie) abrite un large groupe de volcans. On n'en compte pas moins de 160 dont 29 actifs.
Cette zone comporte de nombreux volcans remarquables:
  • le plus haut sommet est le Klyuchevskaya Sopka (4,750 mètres), le plus grand volcan de l'hémisphère Nord. C'est un stratovolcan actif continuellement depuis l'éruption de 1697;
Fig. 1. Klyuchevskaya Sopka (domaine public)
  • le Kronotsky (aussi un stratovolcan, 3528 mètres) se présente comme un cône parfait et concours avec le mont Fuji (Japon) et le Mayon (Philippines) pour le titre du "plus beau volcan du monde" (Robert et Barbara Decker). Dernière éruption en 1923.

Fig 2. Kronotsky (C) Dan Miller - USGS
Au centre de la péninsule se trouve la Vallée des Geysers (la deuxième en surface au monde). C'est l'une des sept merveilles de Russie. Elle a été malheureusement en partie recouverte par une coulée de boue le 3 juin 2007. Par chance, un des plus puissants geysers, le Velikan (le "géant"), est de nouveau actif.

Fig. 3. Vallée de Geysers en 2006 (C) Robert Nunn

La péninsule se situe en bordure de la fosse océanique Kouriles-Kamchatka, qui résulte de la subduction de la plaque pacifique sous la plaque d'Okhotsk. La profondeur maximale est de 10542 mètres. Cette situation est également la cause de nombreux séismes de grande profondeur et de très forte intensité (par exemple, magnitude de 9,3 le 16 octobre 1737 et 8,5 le 4 novembre 1952).

Les autres importants séismes (magnitude supérieure à 8, depuis 1900) sont les suivants:

DateMagnitude
25 juin 19048,3
1 mai 19158,0
7 septembre 19188,2
3 février 19238,4
6 novembre 19588,4
4 mai 19598,2
13 octobre 19638,5
11 août 19698,5
4 octobre 19948,3
16 novembre 20068,3
13 janvier 20078,1

Voir aussi l'éruption récente de l'Ivan Grozny.

vendredi 24 août 2012

Présentation géologique d'El Hierro

Présentation générale

El Hierro est une île volcanique de l'archipel de Canaries, dans l'océan Atlantique.

Les Canaries sont une des communautés autonomes espagnoles, situées à 150 kilomètres des côtes du Maroc. Les îles sont peuplées par 2 millions d'habitants et ont une superficie totale de 7500 kilomètres carrés. Les principales sont Lanzarote, Fuerteventura et Grande Canarie (province de Las Palmas);  Tenerife, La Gomera, La Palma et El Hierro (province de Santa Cruz).

Iles Canaries
Fig. 1 Carte générale des Canaries

Les Canaries sont une destination touristique majeure, du fait du climat tropical et ensoleillé et pour certaines îles, de leur nature préservée.

El Hierro est l'île située au sud-ouest, la plus petite des îles principales avec seulement 287 km2. Les îles les plus proches sont La Palma (à 60 km, au nord) et La Gomera (au nord-est). La population est estimée à 11.000 habitants. Par comparaison, l'arrondissement de Paris a une superficie de 105 km2 soit le tiers (mais abrite 2 millions d'habitants).



Fig. 2 El Hierro, vue satellite (C) Google
Le point culminant est le Pico de Malpasso (1501 mètres).

Géologie (première partie)

L'île est de nature volcanique. L'émergence est datée de 1.2 millions d'années. La première phase est la formation d'un édifice sous-marin. La seconde est la formation d'un volcan, le Tiñor. La troisième se caractérise par la construction du volcan d'El Golfo. Ce volcan-bouclier complexe atteint actuellement une hauteur totale de 5500 mètres (par rapport au plancher océanique) et un volume de 5500 km3. Le complexe est caractérisé par trois failles en étoile (rift-zones).

La forme globalement triangulaire de l'île résulte de glissements de terrain[1], dont les plus importants sont:
  • El Golfo, entre 150 et 180 km3 de volume déplacé (il y a 15.000 ans),
  • El Julan, environ 130 km3 de volume déplacé (il y a au moins 200.000 ans),
  • Las Playas, entre 25 et 35 km3 de volume déplacé (il y a au moins 134.000 ans),
  • San Andrès, (au moins 176.000 ans)
Fig. 3. Carte des principaux glissements[1]

La conséquence de ces glissements de terrain, en plus des modifications apportées à l'île, sont la potentielle génération de tsunamis (mais ceci n'a pas pu être clairement mis en évidence jusqu'à présent, en particulier sur les îles elles-mêmes).

L'île comporte de très nombreux cônes secondaires (au moins 500, dont 300 recouvert au moins en partie par de l'activité diverse).

El Hierro est le résultat d'un processus de construction complexe lié à l'interaction du point chaud des Canaries avec la plaque africaine. Ceci sera détaillé dans la seconde partie.


Sources: Wikipeia (informations générales), diverses sources web

Références dans la littérature:

[1] - M.J.R., Watts, A.B., Masson, D.G. and Mitchell, N.C. (2001) Landslides and the evolution of El Hierro in the Canary Islands. Marine Geology, 177, (3/4), 271-293. (doi:10.1016/S0025-3227(01)00153-0).

Plus d'informations:
[2] - Carracedo J.C. The Canary Islands: An example of structural control on the growth of large oceanic-island volcanoes
(1994) Journal of Volcanology and Geothermal Research, 60 (3-4) , pp. 225-241.

Mise à jour pour le suivi sur El Hierro

Il y a actuellement peu d'activité. Huit tremblements de terre de faible magnitude ont été enregistrés par l'IGN aujourd'hui. Les déformations restent stables. Les autres paramètres ne sont pas publics.

mercredi 22 août 2012

La menace tapie au cœur de la Cordillère des Andes…


N'en déplaise à Evo Morales, le turbulent président de Bolivie, son pays abrite un curieux phénomène. Une zone de 70 kilomètres carrés, autour du volcan Uturuncu, s'est brusquement mise à enfler depuis environ 1992. Ce volcan n'a pas connu d'éruption depuis peut-être 270.000 ans. Il était donc considéré comme dormant, sinon éteint.
L'Uturuncu est un stratovolcan qui culmine à 6008 mètres. Le nom signifie "jaguar" en Quechua.
Uturuncu. Image Wikipedia France (Ceky)

La croissance, évaluée entre 1 et 2 centimètres par an, suggère la réalimentation du réservoir magmatique. Une faible activité est actuellement visible: émission de gaz ou de fumeroles, ce qui indique qu'une éruption n'est probablement pas imminente.
Des exemples récents (Nabro, Chaiten) montrent que des durées longues sans éruptions ne signifient en aucun cas que l'activité a définitivement cessé.

Supervolcan?

La taille globale de la chambre magmatique n'a pas encore pu être évaluée. Néanmoins, la région est connue pour contenir des grandes calderas, sièges d'éruptions formidables dans le passé. Cette zone n'a pas été suffisamment étudiée jusqu'à présent, mais cette nouvelle situation pourrait susciter des vocations…    

Activité pour le 22 août

Le Tungurahua (Equateur) est très actif depuis ces derniers jours. Il y a une émission continue de cendres, avec parfois de larges explosions. Une centaine de personnes a été évacuée.

Le Popocatépetl (Mexique) est aussi actif, de petites explosions sont enregistrées.

Le Sakurajima (Japon) a connu 2 explosions mineures.

D'autres volcans sont en activitié; ici, ce ne sont que les volcans les plus connus.

Mise à jour pour le suivi sur El Hierro

La page dédiée a été mise à jour pour refléter la fin de l'essaim sismique commencé le 14 août.

lundi 20 août 2012

Relax, Max !


Le comportement complexe de la Terre après un séisme est peu connu du grand public. L'élément majeur est celui de la notion de "réplique", soit des séismes généralement d'intensité plus faible que la secousse principale, et qui suivent dans les heures et parfois les jours après celle-ci. Ce fait est bien connu, et la population d'une zone touchée tend naturellement à rester à l'extérieur des habitations après un séisme. Cela minimise les risques lors des répliques, car les bâtiments fragilisés risquent d'autant plus de s'effondrer.

Mais il y a d'autres conséquences, plus subtiles. En effet, la terre n'est pas composée de matériaux rigides, ceux-ci ont toujours une certaine souplesse et vont continuer à se déformer après la secousse, mais de manière lente et continue. Ceci s'appelle la relaxation. Le détail est plus complexe, mais l'idée générale est respectée.

Voici un exemple de ce phénomène:

Fig 1: Exemple de relaxation

On peut voir, après le séisme du premier janvier 1996, une augmentation brutale, suivie d'une augmentation de plus en plus faible. (le second pic correspond à une autre évènement le 22 mars 2001).


Ce phénomène se manifeste dans des déplacements horizontaux et verticaux.
Pour les matématiciens, la forme de la courbe peut se décrire avec une fonction logarithmique amortie:

D(t) = C1t + C2 log(1+f(t)-1)
  
Les différents coefficients varient suivant les modèles.


Notons que ce phénomène  apparait aussi pour les essaims sismiques.

Par comparaison, voyons maintenant les enregistrements des stations GPS sur El Hierro.

Fig 2 Enregistrement GPS (C) IGN
 La similitude est frappante, mais vu le processus potentiellement plus complexe sur El Hierro (volcano-tectonique?), et faute d'informations plus précises, je ne m'avancerai pas d'avantage.


La figure 1 est tirée de "Mesures GPS continues et tectonique des plaques", Geochronique, C. Vigny, 2005